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Présentation de l'étude scientifique Com-Covid-19

Réalisée par 14 chercheurs pluridisciplinaires de l’Université d’Aix-Marseille, il s’agit d’une double étude scientifique :

1) Une étude longitudinale quantitative (méthode expérimentale) sur 1300 personnes pendant/après confinement où sont étudiés les effets de différents messages de santé publique sur les comportements de protection (gestes barrières…), la motivation à rester confiné, la santé mentale (moral…) et physique, la préparation au déconfinement…

2) Une étude qualitative (entretiens en profondeur) avec suivi longitudinal, tous les 10 jours, d’une population diversifiée de Français lors des confinement/déconfinement : ressenti général, adaptation psychosociale aux risques et au confinement, réactions à la communication nationale de santé publique et discours gouvernementaux, usages des médias…

▶ Sur la base des résultats et de la littérature scientifique, l’équipe est à même de proposer des recommandations aux instances publiques désireuses de baser leurs actions sur des faits et recherches scientifiques afin de gérer au mieux les effets de la pandémie. 

Chercheurs impliqués : 

Partie recherches qualitatives : Pr M.P Fourquet-Courbet, Pr D. Courbet, Pr C. Pascual-Espuny,  Dr P. Bernard, Dr E. Basile, Dr P. Kouadio, T. Klein, C. Savin, A. Bérard, R. Cottreau, B. Delavacquerie, J. An

Partie recherches expérimentales : Pr F. Girandola, Dr L. Paquin, Pr D. Courbet.

Laboratoires Universitaires Impliqués : Institut Méditerranéen des Sciences de l’Information et de la Communication (IMSIC) – Institut Créativité et Innovations (InCIAM) – Laboratoire de Psychologie Sociale (LPS) – Laboratoire universitaire de recherche en sciences de gestion spécialisé en logistique et supply chain management (CRETLOG)

Contact pour l’étude générale : Pr Didier Courbet didier.courbet@univ-amu.fr  ; didier.courbet@orange.fr

Résultats partiels

1) Le vécu des français en confinement : « un moral qui se dégrade et un début d’acceptation de l’incertitude»

2) Les meilleurs messages à faire passer par les pouvoirs publics pour se protéger du Covid-19 : « des messages épurés pour les femmes, autoritaires pour les hommes »

1ère Étude : Évolution du ressenti lors du confinement à J+10, J+20, J+30 :  Résultats suite à trois phases d’entretiens en profondeur sur une population diversifiée de Français 
Évolution au cours des 30 premiers jours de confinement :

1) Le ressenti général en cours de confinement, plutôt positif 10 jours après le début du confinement (J+10), devient de plus en plus négatif les jours avançant (J+20 puis J+30), notamment : les proches manquent, naissance d’un sentiment d’injustice, parfois de colère, envers ceux qui ne respectent pas le confinement. En J+30, les émotions se contrastent encore davantage et la gestion du confinement diffère fortement selon les personnes. Si certaines continuent à bien gérer le confinement, gardent un rythme quotidien régulier et ont un ressenti globalement positif, d’autres, plus nombreuses qu’en J+20, expriment davantage de sentiments négatifs. Les sources d’émotions négatives se multiplient (lassitude, perte de repères temporels, anxiété). 

Deux phénomènes psychologiques apparus en J+20 perdurent en J+30 : on se convainc qu’il y a toujours plus malheureux que soi et une stigmatisation d’un groupe social, “ceux qui ne respecteraient pas le confinement”. A J+30, les personnes ressentent un besoin encore plus fort de se sentir socialement utiles, souhaitent agir et aider mais sont frustrées en raison du confinement. Au quotidien, à J+30 on constate que les personnes mettent en œuvre des stratégies psychosociales pour diminuer leurs émotions négatives : par rapport à J+10 et J+20 où la tendance avait déjà été observée, ils s’exposent par exemple moins à la communication des instances publiques (du gouvernement) et aux actualités, trop anxiogènes et trop répétitives.

2) Réactions à la communication des instances publiques. Si en J+10, la volonté d’être collectivement à l’unisson en cette période de crise prenait le dessus et inhibait les critiques des discours et actions du gouvernement, la perception de ces derniers a changé. En J+30, l’union derrière le gouvernement continue à se fissurer et les postures idéologiques préalables réapparaissent. Alors qu’en J+10 les personnes exprimaient avant tout le besoin d’une parole centralisée, cohérente et transparente de la part d’un gouvernement qui était perçu comme une institution “censée tout savoir”, à J+30, elles prennent conscience que ce n’est pas le cas et commencent à accepter l’idée de vivre dans une certaine incertitude, par exemple en manquant d’informations fondamentales (ex. sur les masques).

3) Les perceptions de l’après confinement.  Le contraste des perceptions du déconfinement, constaté en J+20, se renforce en J+30. La perspective du déconfinement le 11 mai soulage et effraye à la fois. Les personnes perçoivent une grande incertitude dans la communication du gouvernement et expriment des besoins de communications qui leur permettraient de mieux gérer ces incertitudes liées au déconfinement (masques ? vaccin ? tests ? calendrier ?). La nécessité de réfléchir au plus tôt à une nouvelle organisation sociale et économique après la crise, indiquée dès J+10, s’exprime de plus en plus fortement au fur et à mesure des jours passant. Globalement, les personnes ont toujours indiqué avoir une peur liée au virus plus forte pour leurs proches que pour eux-mêmes. De la même façon, ils expriment une forte peur pour la société, au niveau national et mondial, après la crise sanitaire, à deux niveaux : la peur d’une crise économique et d’une crise sociale (perte de confiance dans les autres, centration sur soi). 

2ème Etude : Quels sont les meilleurs messages à faire passer par les pouvoirs publics pour inciter à bien se protéger du Covid-19 ?

Quels sont les meilleurs messages de communication des pouvoirs publics (Président de la République, gouvernement, organismes de santé publique…) à destination des citoyens en période de confinement ?  Devant le caractère inédit de la situation épidémique, ils ne peuvent s’appuyer sur aucune situation analogue précédente, ni aucune étude scientifique pour répondre à cette question et pour concevoir des messages pertinents.  Or ces messages sont fondamentaux pour faire respecter les mesures de protection, gestes barrières et respect du confinement, qui permettront de sortir au plus vite de la crise planétaire majeure. Une équipe de chercheurs de l’Université d’Aix Marseille a donc réalisé une expérimentation pour tester les messages les plus efficaces et convaincants pour inciter les citoyens à se protéger du virus, à pratiquer les gestes barrières, à rester confinés, à bien s’occuper de leur santé physique et aussi à inciter les autres à se protéger également. 

Selon un protocole scientifiquement rigoureux utilisant la méthodologie expérimentale avec groupe contrôle sur près de 1200 français, ils ont testé l’efficacité de 12 messages incluant différents types d’argumentations informant que « face à la pandémie du covid-19, les Français doivent rester chez eux ». Les résultats obtenus ont permis d’établir un classement des messages les plus efficaces. Ils ont montré, en outre, que les femmes et les hommes réagissent différemment.

Ainsi, le message ayant le plus d’impact est un message très simple, épuré d’arguments, du type “Face à la pandémie du Covid-19 il faut rester chez vous”.  En ajoutant des arguments, on diminue son efficacité. Si ce message est le plus efficace chez les femmes, il n’arrive cependant qu’en 5ème position chez les hommes.  En termes d’efficacité, le message arrivant en 2ème place met en avant un argument selon lequel rester chez soi permet de se protéger soi-même et protéger les autres (message utilisé par Santé Publique France). Il arrive en 2ème position chez les femmes et en 4ème chez les hommes. Le message arrivant 3ème avance que c’est pour le bien de sa famille, de ses amis et de ses proches (ce message arrive en 2ème position chez les hommes et en 4ème chez les femmes). Le message arrivant en 4ème position met en avant un ordre catégorique. Il arrive en tête chez les hommes alors qu’il n’est qu’en 6ème position chez les femmes.

Les trois messages les moins efficaces, aussi bien chez les femmes que chez les hommes affirment que les Français sortiront plus forts de cette crise (10ème position), que la nation est avec les Français et qu’elle sera reconnaissante (11ème position), que chacun doit se comporter comme tous les autres Français (12ème position).

Cette expérimentation a notamment montré que : 

  1. Le message avançant que “nous sommes en guerre contre le virus”, arrive en 7ème place sur 12. 
  2. Chez les personnes politiquement favorables au gouvernement, le message le plus efficace est “les soignants vous aident, aidez-les à votre tour”. 
  3. Les femmes ressentent davantage d’émotions négatives que les hommes face à l’ensemble des messages indiquant qu’il faut rester chez soi. 

En résumant, le message qui produit les meilleurs effets est très épuré, voire formulé sous forme d’ordre pour être efficace auprès des hommes. D’autre part, les messages faisant appel à protéger son entourage direct, sa famille et ses amis sont bien plus efficaces que ceux qui font appel au sentiment d’unité du collectif français ou de la nation.

Note sur la méthodologie de l’étude qualitative :  Entretiens en profondeur (en face-à-face via visioconférence) d’une durée totale de 91 heures avec une population de Français diversifiée, selon la méthode des quotas (critères : âge, sexe, région, nombre de personnes confinées au domicile, type d’habitation, activité professionnelle télétravail ou non, niveau d’études), effectués en trois vagues (soit 90 entretiens) : entre le 10ème et le 14ème jour de confinement (entre le 26/03 et le 30/04/20, Vague 1) ; le 20ème et le 22ème jour de confinement (entre le 05/04/20 et 07/04/20, Vague 2), entre le 29ème et 31ème jour de confinement (entre le 14/05 et le 16/05/20, Vague 3 ). Objectif de suivi longitudinal tous les 10 jours pendant et après le confinement. Sur le plan de la validité scientifique de l’étude qualitative basée sur des entretiens en face-à-face et par rapport au nombre de personnes interrogées : le point de saturation (Glaser & Strauss, 1967) a été dépassé. Ce critère scientifique témoigne du nombre suffisant de personnes interrogées.  

Toute utilisation de ces résultats doit citer la source « Etude scientifique “Com-Covid-19” menée par un consortium de chercheurs des équipes IMSIC, LPS, InCIAM, Cret-Log d’Aix-Marseille Université ».

Contact : didier.courbet@univ-amu.fr

Publications Grand public

Premières retombées presse

France 3 (publié le 15 mai 2020) :

https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/marseille/covid-19-etude-scientifique-marseillaise-revele-nos-meilleures-astuces-supporter-crise-1828802.html

France 3 (Journal du 5 mai 2020 – 3 mn d’interview en direct vers la 7ème minute) :

https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/emissions/jt-1213-provence-alpes

Radio Europe 1 :

“C’est arrivé cette semaine” présenté par Patrick Cohen le 2 mai 9h35 – 10 mn d’interview en direct (partie expé) 

https://www.europe1.fr/emissions/C-est-arrive-cette-semaine/dans-quel-etat-desprit-sont-les-francais-comment-mieux-les-inciter-a-se-proteger-du-covid-19-3965864

Radio France Inter :

1) Etude qualitative ; Journal de 19h Environ 11′ après le début du journal

https://www.franceinter.fr/emissions/le-journal-de-19h/le-journal-de-19h-27-avril-2020

2) Etude expérimentale : France Inter : Journal de 13h, c’est 50 mn après le début de l’émission

https://www.franceinter.fr/emissions/le-grand-rendez-vous/le-grand-rendez-vous-28-avril-2020

La Marseillaise (publié le 29 avril 2020) :

http://m.lamarseillaise.fr/bouches-du-rhone/societe/81887-didier-courbet-les-francais-sont-craintifs-vis-a-vis-du-deconfinement

France Bleu (publié le 28 avirl 2020) :

https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/des-chercheurs-etudiant-l-impact-des-messages-de-prevention-sur-les-francais-1588050070

Maritima (publié le 28 avril 2020) :

https://www.maritima.info/actualites/coronavirus/marseille/11904/ressenti-pendant-le-confinement-et-perception-des-messages-une-etude-par-des-chercheurs-marseillais.html

Jnews (publié le 28 avril 2020) :

https://jnews-france.fr/des-chercheurs-etudient-leffet-des-messages-de-prevention-sur-les-francais